Difficile de naître en pleine guerre, à Saint Hippolyte du Fort dans les Cévennes ! Il faut être costaud, solide, prêt à accomplir n'importe quel tache pour aider sa famille en ces temps difficiles: Ramener du bois de chauffage, aider aux vendanges, au potager, à faire des confitures et des conserves... Et aller à l'école malgré tout!
Très jeune, une fois le BEPC en poche, il dut quitter la maison familiale pour aller travailler pendant 3 longues années, dans une entreprise de pose de lignes électriques Haute tension et très haute tension. Un travail très physique, plutôt dangereux car de nombreux accidents arrivaient inévitablement, se soldant souvent pas des morts... Mais très lucratif et formateur! Jean Claude, lucide, retiendra de cette expérience que: "Après trois ans de ce régime, aucune situation dans ma vie professionnelle ultérieure ne m'a affolé" Son frère Pierre, de 11 ans son aîné, parti à Paris, travaillait comme facteur à la Poste. Puis muté à Saint Tropez, il réussit à convaincre son petit frère de venir le rejoindre sur la côte. François AUDIRAC était propriétaire d'un chantier naval aux Canebiers. Son épouse, Françoise, était originaire de Ganges, à 13km de St Hippolyte, une belle coïncidence qui aida sûrement à ce que Jean Claude se retrouve employé, à 18 ans, dans cette entreprise puis sur le chantier naval que son employeur venait d'acquérir sur le port de Saint Tropez, ou il va se former et se plaire dans ce nouveau travail. Période heureuse, soleil et mer, pêches fructueuses aux Canoubiers, et ramassage de coquillages à volonté! La belle vie pour un ado jusqu'au jour de 1961 où il dut partir faire son service militaire: C'était la guerre d'Algérie et une mobilisation de 28 mois! Embarqué sur l'escorteur d'escadre "Jaureguiberry" qui servit, avant d'être désarmé, dans le très beau film de Pierre Schoendoerffer, "le crabe tambour", il profita de la fin de la guerre (1962) pour n'effectuer que 22 mois d'armée... De retour à Saint Tropez, il retourna travailler avec bonheur au chantier naval des Canoubiers qui, entre temps avait été racheté par un nouveau propriétaire belge... |
Avec ses copains tropéziens, Jean Claude venait quelques fois faire du cheval dans un élevage situé à l'emplacement du parking municipal et de l'office du tourisme à l'entrée de PG2. Dans la cité du Bailly, des rumeurs couraient sur la construction d'une ville nouvelle au fond du golfe.
"Un jour de ballade, nous avons vu une grande quantité de palplanches en tas près de la plage... et là j'ai voulu voir. J'ai retrouvé Claude GRAF que j'avais connu en 63 sur le chantier de St Tropez où il m'avait époustouflé par ses connaissances et sa manière de vivre. J'ai retrouvé aussi des gens des Canebiers comme Guy CHESNAULT qui y avait un chantier naval et qui dirigeait le chantier de Port Grimaud ...". Jean SALVY, un ami de Jean Claude, avait également un chantier naval aux Canebiers. La plupart des bateaux de cette époque étaient en bois, nécessitant un entretien annuel comprenant une révision de la coque et l'obligation de la repeindre: "Nous avons peint tous les bateaux que Guy CHESNAULT nous envoyait. La plupart des clients étaient des nouveaux propriétaires de PG ce qui m'a aidé à constituer une clientèle de bateaux en gardiennage". |
Dès que le chantier naval de la cité lacustre a été opérationnel, Jean Claude et Jean Salvy vinrent peindre les bateaux sur place ce qui les occupait à temps plein de Pâques à Juillet.
Il lui fallait donc trouver du travail pour la saison et le reste de l'année: des petits boulots variés car le travail ne manquait pas ! Il fut mécanicien chez Aquila à St Tropez, spécialisé dans les 'mini-Austin' et les voitures de sport, barman au Sporting, place des Lices, navigateur sur des voiliers... Il vernit des mâts sur des bateaux à l'amarrage sur le port, et bien d'autres 'petites occupations'. Mais il revenait, chaque fois qu'il le pouvait, à Port Grimaud, pour manger dans une cantine, tenue par la famille Da Silva, qui se trouvait derrière l'atelier de la Copropriété (au bout du parking extérieur, devant les garages résidents). Ce local qui a été refait voila quelques années, servait, à l'époque, d'atelier de ferronnerie ou excellait M. Cochonet, ferronnier d'art et sculpteur, à qui l'on doit, entre autre, toutes les balustrades ou balcons en fer forgé de la cité, mais aussi la statue de la déesse Pallas-Athénée située dans le jardinet au début de la rue des 2 Ports... En 1968, il se fit embaucher chez OMV appartenant à Jean Pierre VASSE, un "ancien" des Canoubiers. Claude GRAF venait de dessiner les 2 premiers coches d'eau qu'il fit construire à Toulon dans le chantier "DEROVERE" puis qu'il fit remorquer devant sa maison, au bout de la rue de la Tour. C'est là que Jean Claude fut chargé de les motoriser. Monsieur SPOERRY voulait un service de coches gratuit pour les résidents et payant pour les visiteurs. La Capitainerie fut chargée de gérer ce service mais au bout d'une année, les coches et le service étaient dans un tel état que l'architecte préféra les donner à Pierre HERRY avec, en plus, le droit de faire circuler 25 barques électriques afin de compenser les frais du coche gratuit pour les propriétaires. Résidents et visiteurs utilisaient les mêmes coches qui "tournaient" jusqu'à 1h du matin... 2 autres coches furent fabriqués dans le même chantier de Toulon par Pierre HERRY. En 1974, un 5ème, en acier, fut construit dans le camping "Holiday Marina", situé en bordure de la Giscle et à coté de la Pépinière "Villa Verdé" sur la route principale... |
Jean Claude se maria fin 1969 avec une charmante tropézienne, Chantal qui devint gardienne d'une villa, route du Capon à St Tropez. Ils logeaient dans la petite maison de gardien attenante qu'il dut entièrement retaper. Le matin, tôt, Jean Claude faisait quelques courses de produits frais avant de rejoindre Port Grimaud ou son travail l'attendait.
Bien implanté dans la cité lacustre, son activité devenait intense avec des gardiennages de plus en plus nombreux de bateaux et des travaux maritimes très prenants. Passant trop de temps sur la route chaque jour, le couple décida de venir se loger dans la cité lacustre. Il se rendit donc à l'agence de M. RONDEAU, place des Artisans, (chargée de la vente de Port Grimaud par M. Spoerry) qui lui conseilla d'acheter plutôt que de louer. Il y avait justement un appartement à vendre sur cette même place au prix de 160 000 F , une somme ENORME pour le jeune couple! Il y a parfois, dans la vie des rencontres imprévues qui vont bouleverser votre existence! Jean Claude en rencontra 2: - Paul VOGEL tout d'abord, un propriétaire, rue des 2 Îles, sur le moteur duquel Jean claude travaillait; Après sa visite à l'agence, ce résident le trouva inhabituellement soucieux, et lui demanda ce qui n'allait pas: Pas suffisamment d'argent pour acheter? "tu n'as qu'à emprunter!". Ou? "Mais dans une banque!". Mais il faut des garanties! Pas de problème, "la garantie, c'est moi..." lui proposa ce bienfaiteur... - Puis Alain MOREU, son dentiste et ami, qui l'amena à l'agence du Crédit Agricole et qui exigea qu'un crédit lui soit débloqué sur le champ ! "Et ce jour là", nous dit Jean Claude, "ta vie bascule vers quelque chose que tu n'imaginais même pas! Merci Paul de m'avoir fait toucher quelque chose que j'imaginais hors d'atteinte". |
Pierre Chapus, artisan, posait les corps morts dans PG depuis quelques années quand il voulut changer d'activité. Il pensa donc à Jean Claude pour continuer sa petite entreprise.
Et voila ce dernier avec une cinquantaine de bateaux à entretenir, du matériel, et beaucoup de travail au sein de la cité lacustre: Pour chaque nouveau propriétaire ayant un amarrage, Jean Claude devait plonger et faire le nécessaire pour que le bateau soit bien "attaché"... "Mais j’avais une aide précieuse avec mon chien qui ne me quittait pas." nous dit-il... Monsieur GIRAUD était le directeur du BTM, la société en charge de construire la cité lacustre. Tous les mercredi il faisait la visite du chantier avec l'architecte et Jean Claude avait beaucoup de plaisir à les croiser. Et tous ensemble, ils participaient, avec beaucoup de motivation et plaisir, à l'aventure de Port Grimaud en construction. Monsieur Alberty, nouveau résident de la cité lacustre, cherchait à acheter une affaire pour son fils. Dans le même temps Monsieur Herry voulait se séparer des coches d'eau. Jean Claude fut chargé, par ce nouveau résident, de se renseigner pour réaliser une telle transaction sachant qu'un contrat lieait les coches d'eau à l'ASP de Port Grimaud dont Monsieur Martres était le Président. Ce dernier voulut bien accepter à la condition que le contrat soit établi au nom de Jean Claude ! M. Alberty créa donc une société en faisant apparaître le nom de Jean Claude... Le fils n'était pas très motivé dans cette affaire: Les coches d'eau étaient dans un piteux état et le premier été fut une véritable galère avec des bateaux tombant en panne souvent et qu'il fallait coûte que coûte, maintenir à flot! En septembre le fils démissionna! Voila Jean Claude obligé de racheter la moitié de la société et de s'y investir totalement! |
Le 23 juillet 1975, à 10 h du matin et à 1 mille de la pointe de Carqueiranne, la vedette " Vénus des Iles II ", assurant la liaison entre Toulon et Porquerolles, est victime d'un incendie. La vedette est surchargée : 407 passagers au lieu des 300 prévus, et la plupart des brassières et bouées de sauvetage, entreposées sous le rouf, sont tout de suite la proie des flammes qui s'échappent du moteur.
Malgré l'intervention immédiate des secours et notamment de l'escorteur d'escadre la Gallissonnière, on dénombrera 14 morts et 58 blessés. Le procès des propriétaires, de l'armateurs, du patron de la vedette et du mécanicien, poursuivis pour homicides et blessures involontaires ou infraction aux lois sur la navigation, débuta 6 ans plus tard, le 22 avril 1981. Les Gendarmes Maritimes firent de très nombreux contrôles dans tous les ports ou des navettes de passagers évoluaient afin de vérifier que le nombre de passagers ainsi que toutes les normes de sécurité étaient parfaitement bien respectés... Fini donc les dépassements de passagers à Port Grimaud ! |
Les premières contraintes à prendre: séparer les services résidents et visiteurs afin d'éviter toute surcharge de passagers et équiper les coches de radio.
Autre problème que Jean Claude dut solutionner rapidement: Les inverseurs! Qu'ils soient encore mécaniques ou remplacés par un système hydraulique, les pannes étaient trop nombreuses et onéreuses. Jean claude inventa donc un tout nouveau système hydraulique: "En étudiant bien le problème j'ai mis au point un système hydro avec un seul moteur plus puissant actionnant une pompe double qui entraîne deux moteurs hydro sur les arbres-hélices. La aussi, les tourneurs que j’avais contacté me disaient que cela ne pouvait pas marcher. Heureusement que j'avais acheté un tour j’ai ainsi pu les faire moi même (la nuit) I’ai donc monté ce système sur le coche que j’ai fait construire en 1980 chez Dettori a la Seyne. L’expérience s'étant révélée concluante I'ai équipé deux autres bateaux en 1981 et les deux derniers en 1982". Avec le temps, tout s'est mis en marche: Jean Claude construisit un hangar à Gassin pour que, chaque hiver, les coches puissent être révisés: "Chaque année un coche passait au démontage complet de sa coque et remonté a ma façon En 85 j'en ai construit un entièrement et en bois plastifié a la PU. Puis un autre en acier en 1997. Trois de ces bateaux naviguent encore sur l’Hérault, au Gros d’Agde et le dernier construit en 95 charrie les résidents aux Marines Cogolin". En 2010, une nouvelle législation entra en vigueur, et la Marine Marchande déclassa, uniquement en Mediterranée, tous les bateaux EN BOIS transportant des passagers. Les coches d'eau devenaient 'bateaux de charges' avec un maximum de 12 passagers! Ils avaient pourtant transporté des millions de personnes sans aucun soucis. "Je n’ai pas pu me séparer de celui que j’avais construit en 1985 car je le considère comme une oeuvre d’art . Ma descendance fera ce qu’elle voudra avec..." |
"Il ne faut pas grand chose pour que l’ambiance change.
Aux Coches je pense que c’est encore convivial. Les résidents aiment ce service et je pense que cela tient surtout a la façon dont les passagers sont disposés dans le bateau. Ils peuvent se parler ou échanger un sourire et avec le temps créer des liens. Je l’ai remarqué tout au long de ma carrière. Bien sûr la convivialité en a pris un gros coup quand le Géant Casino a ouvert et que les commerces de bouches ont été contraints du coup de fermer. Les bistrots sont devenus des restos... Au tout début le quai de la Tartane était encore libre de terrasses en dur. Dès que les commerçants avaient rangé leur matériel dans leur boutique, le restaurant étalait tables et chaises sur toute la longueur du quai et c'était la fiesta tous les soirs jusqu'à tard dans la nuit. Idem pour la Guitoune avec Anita et Michel où c'était noir de monde tous les soirs même hors saison. On voit maintenant une majorité de clients jeunes, vieux, males ou femelles complètement accros a leur téléphone portable, ne prenant pas le temps de regarder et ne se promenant que pour faire des photos (avec leur portable). Arrivés chez eux ils pourront enfin voir Port Grimaud... sur leur portable ! " |
Après plus de 50 ans de vie active consacrés à la cité lacustre, Jean Claude gardent de très bons souvenirs avec de belles rencontres et des amis par dizaines...
Afin de prouver leur affection, de nombreux propriétaires offrirent, durant ces décennies, des caisses de champagne et des bouteilles de vins qu'il ne pouvait boire en totalité sauf à devenir alcoolique!
Et c'est avec une grande tristesse et une profonde mélancolie que Jean Claude se souvient de tous ceux qui ne sont plus là aujourd'hui... Et tout bascula en 2005...La réussite d'un homme comme Jean Claude, parti de presque rien et par son travail, son énergie, sa volonté, arrivé à la tête d'une entreprise qui "marche", crée parfois des jalousies.Un nouveau Président à la tête de l'ASP et des nouveaux conseillers dont certains lui vouent une haine féroce et rêvent de le remplacer par d'autres personnes, ont mis à mal le service des Coches d'eau, pourtant si utile, si pratique pour la vie de la cité , si bien géré, si bien "huilé" qu'il faisait la satisfaction de presque tous les résidents. Après une lutte sans merci entre un Cevenol coriace aidés de plusieurs propriétaires, Jean Claude a pu sauver son entreprise... Mais à quel prix? Le service offert par les Coche d'eau a été démantelé: Fini la desserte PG2 / PG3, remplacée par une navette inadaptée aux canaux (trop large, trop haute, trop puissante avec 2 moteurs beaucoup plus polluants). Pour PG1 le service durait 11 mois sur 12. Il ne dure plus que 10 mois sur 12 et coûte, au final, plus cher pour les copropriétaires. A propos des barques électriquesEn 1999, à la demande de l'ancien Président de l'ASP, monsieur Pierre Martres, Jean Claude racheta l'affaire des Barques électriques et signa un contrat l'autorisant à exploiter 23 de ces petites embarcations.Malheureusement, le matériel étaient dans un état lamentable, offrant aucune sécurité pour les passagers, et termina à la décharge publique! Il fallut acheter de nouvelles barques plus stables, mieux sécurisées, reconstruire les pontons sur lesquels les amarrer. Et au final, Jean Claude préféra mettre en service 15 barques au lieu de 23, trouvant que cela suffisait amplement sur le plan d'eau pour ne pas trop gêner la vie et l'intimité des résidents... Après le cataclysme des années 2005/2010 déclenché par les nouveaux "Maîtres" de la cité, une 2ème société de location a été autorisée à exploiter onze barques électriques... Aujourd'hui nous en comptons donc une bonne vingtaine ! |
Après le déclassement des Coches d'eau en 2010, Jean Claude devait créer de nouvelles embarcations, avec l'appuie d'un Architecte Naval, qu'il voulut à propulsion électrique ! Un vrai challenge qu'il fallait concrétiser, sachant que cela n'existait pas vraiment encore...
"Ce fut très rude et il m'a fallu beaucoup de chance pour en venir à bout. Il me fallait trouver non pas celui qui savait ce qu'il fallait faire : ils sont légion, mais trouver celui qui savait ce qu'il ne « fallait pas faire » et lui je l'ai trouvé! Guillaume avait participé à la mise en oeuvre du bateau électrique de Monaco et savait donc les pièges à éviter. Notre collaboration a permis de mettre au point les coches comme ils sont encore aujourd'hui, après huit années de travail intensif. Sans aucune modification ! Et c'est de cela dont je me réjouis le plus. Comme je ne les conduis plus, l'âge me l'interdisant aux yeux de la Marine, je suis émerveillé comme un enfant quand je les vois fonctionner. Ils m'évitent de brûler 20 000 litres de fuel sur le canal de PG". En 2012 la CCI du Var et l'Association France Qualité Performance ont récompensé Jean Claude et sa société pour « leur écoute de l'environnement ». "A la remise de la médaille j'ai dit espérer que l'exemple d'un monsieur comme moi, déjà septuagénaire, mettant au point de telles merveilles, servirait d'exemple et inciterait quelques autres à s'investir. Après Huit ans de service sans aucun déboire, force est de constater qu'il n'en est rien et tout se passe dans l'indifférence générale. C'est dommage et surtout frustrant"... Jean Claude a assuré tout seul le coût des études, la construction et la mise en œuvre de ces bateaux sans aucune aide ni de l'Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) dont c'est pourtant le rôle, ni de l'ASP, ni de la Mairie, ni d'aucunes associations de l'environnement! Le voila endetter jusqu'à ses 81 ans! Après huit saisons, ces bateaux solides et fiables, n'ont pas bougé; aucune panne! Ils glissent sur l'eau, silencieux, à la grandes joies des propriétaires et des visiteurs toujours accueillis avec sourire et efficacité par des pilotes très soigneux et attentifs... "A ma connaissance, ce sont les seuls bateaux de ce type qui fonctionnent dans la longévité sans souci, du moins en France. Les panneaux solaires sont toujours aussi efficaces et assurent au moins 80% de la charge en saison, 100% hors saison Nous sommes en train de voir des nouveaux panneaux qui sont encore plus performants. « On peut toujours mieux faire » telle est ma devise!"... |
Pour Jean Claude, l'histoire de cette barge lui tient vraiment à coeur parce qu'elle illustre bien son envie d'oeuvrer pour la vie de la cité et l'acharnement de quelques'uns à vouloir le détruire:
En 1997, Jean Claude, aidé de son fils Laurent, ont dessiné et construit, à leur frais, une barge pour les travaux maritimes spécialement conçue pour la cité lacustre, avec un objectif: qu'elle soit adaptée en cas d'incendie. Jean Claude s'était rendu compte d'un réel danger: si un bateau prenait feu, ceux des voisins allaient être obligatoirement touchés. Or pour atteindre les quais, les pompiers devraient arriver par la mer ce qui aurait pris trop de temps pour circonscrire rapidement l'incendie. La barge est munie de pieds qui se plantent mécaniquement. Elle se cale devant le bateau qui brûle et a l’aide de sa lance a eau, montée en bout d'une grue développant une hauteur de 8 mètres, elle peut arroser de dessus et même casser un panneau de pont ou un hublot pour pénétrer à l’intérieur du bateau et ainsi éteindre plus efficacement les flammes. De la mousse extinctrice peut y être ajoutée. La pompe débite 50 m3 /heure. Afin d'être réactive très rapidement, Jean Claude louait un emplacement pour amarrer cette barge, au centre de la cité, derrière l'Eglise, donc près des Coches où il était présent le plus souvent. Malheureusement, dès 2002, certains membres du Conseils, n'appréciant pas la présence de cette embarcation, n'ont eu de cesse de la faire partir, allant jusqu'à doubler le prix de la place! Un conseiller a même déclaré que "le feu est une affaire de pompiers, pas de marins !". La barge a donc déménagé pour les Marines de Cogolin ou elle a été accueillie à bras ouverts... De son départ de Port Grimaud à 2018, Elle a, servi à changer 130 pontons de 45 tonnes avec un ponton immergeable de 150 Tonnes de poussée que Jean Claude a dessiné et construit avec son fils dans leur atelier de Grimaud. Cette barge est toujours très active, conduite à la perfection par Laurent. En 2018, elle a permis de changer tous les amarrages des Marines : corps morts, chaînes mères et chaînes filles. |
Cette médaille d'honneur est une distinction française récompensant toute personne qui, au péril de sa vie, se porte au secours d’une ou plusieurs personnes en danger de mort. La marine nationale peut l'attribuer en cas de faits de sauvetage...
Jean Claude reçut cette récompense honorifique, avec mention, pour un accident de bateau qui aurait pu être meurtrier sans sa réactivité et son courage! (on peut même parler de témérité!)... Je le laisse lui même raconter cet évènement: "Le 17 Août 1979, pour ma première année des coches, je venais juste d'arriver et finissais d'équiper 1e moteur neuf du coche résident que j’étais en train de changer. Ce coche était garé cote église et j’étais dans mon estafette garée vers le tourniquet du clocher. La place du Marché était noire de monde. Tout a coup il se fait un grand bruit et la foule commence à hurler. Je sors du camion et je vois un bateau vertical dans l'angle du pont coté coches. C’était un petit Neptune rouge avec 6 personnes : un couple âgé, un couple d'une quarantaine d'années et leurs enfants : la fille 12 ans et le garçon 8 ans. Le bateau, dont le moteur était accéléré a fond, hélice embrayée, a gîté et tout le monde est tombé a l’eau (sauf le gamin qui était dans la cabine). Le bateau s’est mis a tourner dans ce plan d’eau restreint au milieu des passagers éjectés et commençait à les « entailler »... Il fallait faire Vite ! Mon neveu Bruno pilotait le coche pour résidents de remplacement et était en train de manoeuvrer pour partir. Je lui ai crié d’arrêter, et quand il est passé a proximité, j’ai sauté sur l’avant du coche. On a attendu que le bateau vienne vers nous et là on lui est rentré dedans. Ca l’a ralenti et j’ai pu sauter dessus. Je l’ai stoppé avec le contact car la poignée d'accélération était coupée a ras ! On a sorti tout le monde de l'eau. Le père des petits avait une jambe très amochée. Il ne restait plus que la peau sur l’avant de la mi-cuisse aux orteils! Tout était parti ! Heureusement dans la foule se trouvait un docteur qui a immédiatement fait un garrot ce qui l'a sauvé. Sa femme avait des coups d’hélice dans le dos et sa fille sur un bras. Ils ont eu beaucoup de chance... J’ai failli me briser le coccyx en atterrissant sur le bateau. J’ai eu des séquelles les hivers suivants : ma vue se brouillait je sentais de grosses compressions dans la tète qui m’obligeaient a tout stopper. Mon ami médecin d’Aix m’a traîné dans tous les hôpitaux de Marseille. Sans succès. C’est parti doucement en revenant de plus en plus rarement. Pendant que je sautais sur ce bateau, mon épouse était a Marseille a l’hôpital de la Conception pour l'accouchement d’Emilie. L‘explication, selon moi, de cet accident, est que, déséquilibré en embrayant sans doute un peu trop vite, il a donné un coup de sa hanche sur l’accélérateur et celui ci s’est trouvé au maximum mais sous le choc il a été cassé au ras de la boite ! Et comme il n’avait pas mis son bracelet de sécurité.... Je n'ai jamais revu ces gens, je ne connais même pas leur nom ! Bizarrement je n’y pense jamais aux anniversaires annuels mais j’ai un gros bourdon a chaque décennie comme l’an prochain ou cela fera 40 ans ... |